Le beau, la créativité, l’exigence, l’innovation et l’engagement sont au cœur du projet 1.618.
À Paris, la semaine de la mode consacrée à la Haute Couture s’est déroulée du lundi 4 au jeudi 7 juillet 2022 et des créateurs, qu’ils soient membres invités du calendrier ou acteurs d’une jeune génération de designers qui pose les bases d’un nouveau luxe, y ont présenté leur collection couture.
Focus ici sur un développement durable mis à l’honneur, combiné au savoir-faire traditionnel et aux technologies contemporaines.
CHARLES DE VILMORIN, le digital au service du luxe
Charles de Vilmorin, jeune créateur, nommé à la direction artistique de la maison Rochas depuis peu, a présenté la quatrième collection de sa marque éponyme hors calendrier pendant la saison de la couture à Paris avec la diffusion d’une vidéo mettant en scène son imaginaire féérique.
À travers les pièces colorées, on retrouve le style illustratif propre au créateur. Ses inspirations, il les cite, comme la Commedia del’Arte ou le peintre James Ensor, ses silhouettes sont celles d’aliens venus repeupler le monde avec une proposition plus joyeuse, plus colorée.
Cet univers singulier fait écho à sa toute première collection, Charles de Vilmorin a exprimé vouloir nourrir son ADN pour mieux le construire. C’est d’ailleurs lorsqu’il a lancé sa marque, en avril 2020, qu’il souhaitait déjà éviter toute surproduction en fabriquant uniquement sur commande. Engagé, il évoque le luxe, l’artisanat et la technologie comme étant complémentaires si l’on veut innover. Pour lui, la Haute Couture sert à expérimenter, un vêtement doit « exprimer quelque chose » et grâce au digital, le luxe devient encore plus magique puisqu’il permet de raconter d’autres histoires. Interrogé sur le sujet, Charles de Vilmorin répond que “le luxe a un vrai message à apporter en termes de responsabilité sociétale et environnementale”.
AELIS COUTURE, l’écoresponsabilité de la mode
Sofia Crociani, la créatrice toscane d’Aelis, a présenté, ce jeudi 7 juillet, sa collection couture automne hiver 2022-2023 au milieu du chant des oiseaux afin de souligner les engagements de la maison en matière de protection de la nature.
Aelis propose une couture écologique, éthique et durable. Sofia Crociani utilise des tissus organiques et vintage, et essaie de créer des vêtements qu’elle présentera de nouveau la saison suivante pour éviter le gaspillage des ressources naturelles et lutter contre la frénésie d’une surconsommation. À travers le savoir-faire et la beauté des matières prônés par Aelis, la couture permet à la mode de se confondre à l’art en ce qu’elle transforme un objet fonctionnel et éphémère en pièce pérenne.
YUIMA NAKAZATO, alliance de la technologie et de l’artisanat
Enfin, Yuima Nakazato, connu pour son utilisation des hautes technologies combinées au savoir-faire artisanal japonais et traditionnel, a présenté sa collection couture pour l’automne hiver 2022-2023. La scénographie à la teinte dominante de bleu – celle de la terre vue d’en haut, dont les éléments, semblables à des icebergs, étaient entièrement réalisés en papier, recouvrait le sol et les murs du Palais de Tokyo. Le décor a été conçu pour être recyclé immédiatement après le défilé, et s’inscrit alors dans le cadre du message durable de la marque.
Nakazato se démarque dans le paysage de la Haute Couture, notamment en sélectionnant principalement pour ses pièces des mono-matières naturelles, conçues pour durer et pouvant être upcyclées. Son utilisation de dead stocks – les déchirant, les tissant et les teignant à nouveau pour créer de nouvelles silhouettes permet également au créateur de produire une mode d’avantage écoresponsable. Yuima Nakazato a aussi élaboré une technique innovante de bio-smockage lui permettant de contrôler numériquement le taux de rétrécissement d’une fibre pour produire des plis ; procédé qu’il a associé à des techniques ancestrales de teinture à l’indigo et de teinture par nœuds Shibori (ou tie and dye).
Selon lui, “la Haute Couture est intrinsèquement durable” et il l’illustre à chaque présentation, comme en 2019, lorsqu’il utilise exclusivement le bio-matériau durable Brewer Protein mis au point par l’entreprise japonaise Spiber pour tous les aspects de la collection, de la conceptualisation à la démonstration finale. Il exprime alors sa vision de la Haute Couture et le rôle qu’elle devrait jouer, à savoir créer une relation plus durable entre l’humanité et l’environnement.
